SEXISME TOUJOURS ET ENCORE EN POLITIQUE Comment je me suis fait traiter de pute… par Annick Girardin

Annick_Girardin_0Il m’aura fallu attendre 30 ans de vie politique pour faire face au sexisme le plus sournois. Trente ans de navigation dans un milieu réputé impraticable pour les femmes. Bien que sensibilisée aux questions d’égalité femmes-hommes, je n’ai jamais été une militante féministe. A tort ou à raison, ma vie politique s’est jusqu’à présent centrée sur d’autres combats.

Suite à mon passage sur iTélé le 26 mai dernier, un montage a circulé sur les réseaux sociaux alternant des séquences de mon interview et des extraits de films parodiques pour le moins insultants. Traitée de « pute », de « salope » ou encore de « conne », j’ai été profondément blessée par ce montage. J’ai bien conscience que l’exposition médiatique, quelle qu’elle soit, suscite toujours un lot de moqueries qu’internet contribue à amplifier. Toutefois, ici il n’est pas question de simples railleries de réseaux sociaux. Il s’agit d’insultes sexistes. J’ai décidé de ne pas me taire lorsqu’on me taxe de « salope » et de « pute ». Surtout lorsque ces insultes sont cautionnées par mon adversaire politique sur le territoire auquel j’ai consacré ma vie.

Je vous parle d’un territoire qui compte quelques 7 000 habitants, d’un archipel où tout le monde se connait, où la proximité et la solidarité ont toujours fait notre force collective. Mon parcours politique, je le dois à Saint-Pierre et Miquelon. C’est là que je me suis formée et que j’ai conquis la légitimité qui m’a permis de devenir le premier membre de gouvernement issue de l’archipel.

En cautionnant ou en relayant ce genre de pratiques, mes adversaires politiques déshonorent le mandat qui leur a été confié. A l’heure où des témoignages sur les comportements machistes dans la sphère politique se multiplient, le silence est aussi coupable que la calomnie et participe à la banalisation des comportements haineux. L’actualité récente a démontré que le sexisme n’a pas d’étiquette politique et qu’il n’est l’apanage d’aucun camp.

Depuis plusieurs mois, la violence s’installe dans notre société au point d’être devenue omniprésente. On assiste lentement mais sûrement à l’extension du domaine de la violence qu’elle soit physique, matérielle ou verbale. « Liker » un contenu inapproprié peut paraitre anodin. Mais tous ces comportements additionnés, qu’ils viennent de responsables politiques ou de citoyens, participent à un climat général.

Bien sûr, il est toujours possible de s’en remettre à la justice. Mais il revient à chaque citoyen, à chacun d’entre nous de lutter contre ces pratiques.

Ne nous habituons pas à l’outrance.

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