Asile – Immigration Pour une approche à la française : réaliste et humaine (G. Lacroix)

Immigration et asile, le gouvernement veut faire moins et mieux.

Moins ? La posture est de mode mais ne colle pas à la réalité. Avec un solde migratoire positif d’environ 60 000 personnes par an pour 65 millions d’habitants, disons-le clairement, l’invasion de la France n’aura pas lieu.

Mieux ? L’idée est séduisante et nécessaire. Surprenante venant d’un chef de l’Etat qui faisait rimer, il y a peu, humanisme et laxisme.

Mieux ? Ce serait déjà commencer par ne pas confondre, opportunément, immigration et asile. Que voulez-vous ma bonne dame, ce sont tous des étrangers ? L’Etat républicain n’est pas un bistrot même si le Président tient souvent, de ses discours aux colonnes de valeurs actuelles, des propos dignes des meilleurs classiques de Fernand Raynaud.

L’asile, c’est l’honneur de la France. Sa fraternité in real life. C’est réaffirmer que fuir la guerre, les dangers climatiques ou la misère, c’est toujours fuir et ne jamais choisir. Réaffirmer que ces enfants, ces femmes, ces hommes sur nos routes, au fond des camions ou sur les radeaux de douleurs sont des fuyards, pas des envahisseurs.

La mesure de carence de sécurité sociale pour les demandeurs d’asile est une trahison de la France. Cette idée mainstream qu’il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade. Une droite assénée au visage de Marianne, un négationnisme de ce qu’est l’asile. Sur ce point, il ne nous faut rien lâcher.

L’immigration est dans les gènes de l’humanité. Elle est consubstantielle à cette mondialisation souhaitée et encouragée par le gouvernement. Mais comme on ne choisit pas sa famille, autant choisir ses amis ? Cette approche porte le germe de l’indignité. Celle des origines choisies. Le Guinéen plutôt que le Bulgare ! Et demain ? Une préférence physique, religieuse ?

Fixer des quotas pour l’immigration économique ? Pourquoi pas. Cela ne répond qu’à une infime partie de la question. Pourquoi pas si cela donne l’impression d’une maitrise des flux migratoires et lutte contre l’idée délirante de l’invasion. Pourquoi pas si les recrutements se font sans quotas nationaux d’origine. Pourquoi pas si c’est une autorité indépendante, intégrant les associations spécialisées et de défense des droits de l’Homme qui en fixe le niveau. Si la liste des métiers à pourvoir est rendue publique.

Au-delà, quel sort pour l’immigration illégale ? Quels sorts pour celles et ceux qui se sont durablement installés en France et ont créé des liens apaisés. A l’inverse, quelle réelle politique de reconduite à la frontière des ennemis de la République ? Quelle implication dans le démantèlement des filières mafieuses de passeurs ? Quelle réappropriation des territoires abandonnés de la République où s’agrègent, migrants et réfugiés dans le berceau des communautarismes ?

Sur l’immigration, nous avons besoin d’intransigeance républicaine. Cela passe aussi par un devoir d’intégration.

L’intégration, c’est ce qui doit réunir réfugiés et migrants. Force est de constater que l’appétit gouvernemental est là moins prononcé. Rien ou presque, si ce n’est le droit de travailler sur les emplois que les Français ne voudraient plus occuper. De la pénibilité sous-traitée pour un SMIC en résumé.

Pourtant, entre l’impératif d’apprentissage de la langue française et les enjeux de compréhension du droit et des valeurs républicaines françaises, il y a fort à faire. Chaque étranger s’installant en France doit suivre un parcours citoyen et s’insérer. C’est à l’Etat de le garantir, aux entreprises d’être associées à ce tour de table des acteurs de l’intégration.

L’intégration, c’est enfin considérer qu’au bout du chemin, il y a la reconnaissance. Elle ne s’appelle pas obligatoire nationalité. Elle peut aussi s’appeler droit de vote des étrangers. Une question d’intégration, de respect, de considération majeure.

Une revendication de gauche abandonnée de ses géniteurs trop occupés à assigner socialement et religieusement nos concitoyens étrangers. Un nouveau prolétariat à leur main, plutôt que des citoyens libres et éclairés.

Etre le rempart face à l’extrême droite, ce n’est pas lui faire la courte échelle. C’est tenir fermement l’alternative républicaine. C’est aussi, sur ces questions majeures, ne pas faire fi de l’Europe sans laquelle rien de tangible ni de crédible ne pourra être mis en œuvre. De ce point de vue, l’isolement européen de Macron, masqué par une sur-communication nationale, est une menace pour la France.

 

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