Chère amie, Cher ami,
La période politique que nous traversons est historique. Le Président de la République élu, dans des circonstances inédites, sur un projet centriste innovant impulse désormais une recomposition politique majeure autour de lui et de son parti en création.
Ce projet ambitieux de refondation de la vie politique française est un pari nécessaire suite au score historiquement fort de l’extrême droite, de l’extrême gauche au premier tour comme de l’abstention. L’élimination des deux grands partis traditionnels de la Vème république dès le premier tour le rend inéluctable.
Ce projet répond, en partie, à ce que les radicaux ont toujours porté en héritage, en philosophie. Il est donc logique que nombre d’entre nous aient souhaité, à un moment ou un autre, le porter et le voir aboutir.
A titre personnel, je tiens à saluer Annick GIRARDIN et Jacques MEZARD qui ont fait le choix de s’impliquer dans le gouvernement composé hier. Ils s’inscrivent après Sylvia PINEL, Anne-Marie ESCOFFIER, Jean-Michel BAYLET et Thierry BRAILLARD dans la longue tradition de responsabilité et de défense de la République qui anime les radicaux.
Leur nomination est une reconnaissance indéniable de leur travail tout autant, je veux le croire, qu’un signal envoyé par le nouveau Président de la République au radicalisme.
Ce signal, le PRG l’avait lui aussi souhaité au soir du premier tour en proposant à Emmanuel MACRON de former un rassemblement des forces de progrès, respectueux des formations et engagements de chacun. Cela aurait permis une construction gouvernementale et parlementaire apaisée, solide et porteuse de sens. Cela aurait été le gage d’une pluralité démocratique au sein de laquelle le radicalisme en tant que tel avait toute sa place. La composition gouvernementale en témoigne.
Le radicalisme, son renforcement et son devenir, doit demeurer pour nous tous une priorité. Il est notre histoire, notre spécificité et notre force.
Les élections législatives sont, dans le Vème République, le moyen principal pour répondre à cette exigence. Ces élections fondent notre légitimité politique, notre droit d’expression publique, nos moyens financiers pour la mandature à venir. Les candidatures aux élections législatives sont la garantie de notre indépendance et de notre liberté d’esprit. Depuis des décennies, aucun accord ne nous y aura fait renoncer. C’est sur ce point crucial et vital pour notre formation qu’aucune discussion n’a pu aboutir avec le parti du nouveau Président.
Fidèles à leur tradition et persuadés que le radicalisme n’est soluble dans aucune autre formation, les radicaux ont donc majoritairement décidé de se lancer aux élections législatives sous leur propre bannière. Je veux saluer celles et ceux qui issus de nos rangs ou de Génération écologie arboreront nos couleurs.
Ils sont 70 à se lancer dans la course en se déclarant PRG au-delà des 6 radicaux retenus par En Marche! pour être candidats dans le cadre de ce nouveau parti. A ce jour sur 70 candidatures PRG, 5 d’entre nous bénéficient d’une absence de candidature En Marche! et PS face à eux, 29 sont soutenus par le seul PS et 26 sont candidats face à En Marche ! et au PS.
Cette configuration particulière démontre si besoin en était qu’il nous faut d’abord compter sur nous-même. Elle atteste aussi de l’absence de construction d’une majorité parlementaire plurielle entre les forces de progrès au risque de nous éliminer mutuellement dès le 1er tour alors même que les Français attendent un rassemblement intelligent et constructif. Comme beaucoup, je le regrette.
Une approche des élections législatives qui favoriserait l’émergence d’un « parti unique » ne correspond pas à notre tradition et ne peut être souhaitable dans notre démocratie. Elle condamnerait demain les Français à choisir entre le parti du Président et l’extrême gauche ou l’extrême droite.
Dans ce contexte difficile, je veux saluer toutes celles et ceux qui ont fait de l’avenir et de la place du radicalisme un engagement total. Ils sont notre fierté collective. Partout ils doivent recevoir notre soutien actif. Le parti leur a apporté à tous les moyens logistiques leur permettant d’aller au bout de leur démarche.
Grâce aux jeunes radicaux de gauche, nous avons pu répondre à l’enjeu de renouvellement de nos candidatures.
À nos 70 candidats, s’ajouteront plus de 30 candidats de l’Union des Démocrates et Écologistes (UDE, Front démocrate, les Écologistes) qui se déclareront PRG en préfecture. Cet accord politique permettra à nos deux formations de se soutenir mutuellement dans une grande majorité de circonscription et d’élargir ainsi notre base électorale.
Dans le bruit et le vacarme traditionnels qui ont entouré cette préparation des législatives, le PRG ne peut qu’être triste du retrait de Thierry BRAILLARD confronté à une candidature concurrente imposée par En MARCHE ! au risque de faire gagner dans cette circonscription une droite réactionnaire proche de Laurent WAUQUIEZ. La décision responsable de notre député de Lyon, ville d’Edouard HERRIOT, et avec elle la perte de toute candidature PRG dans la métropole est néanmoins particulièrement injuste au regard du travail qu’il a accompli depuis des décennies en notre nom. Ajouté au retrait volontaire de Roger-Gérard SCWARTZENBERG dont chacun sait l’immense et inlassable engagement au service de nos valeurs, le radicalisme sera privé de deux de ses membres parmi les plus éminents dans cette élection.
Ces élections terminées, il nous faudra ouvrir une nouvelle ère du radicalisme.
Notre parti de nouveau représenté à l’Assemblée et en capacité de fonctionner, il nous reviendra collectivement d’inscrire le radicalisme dans la recomposition en cours, bâtir une nouvelle offre politique attractive, incarner le rassemblement.
Pour rassembler, il nous faudra d’abord reconstruire notre unité, nous émanciper de toute hégémonie extérieure et pour cela réaffirmer fortement notre identité.
Dans cet esprit, je veux croire que la nouvelle donne politique permettra de réunir les deux branches de la famille radicale pour reconstruire un grand parti radical plus que jamais d’actualité. Avec l’accord de Sylvia PINEL, de premiers échanges de parti à parti sont actuellement menés parallèlement aux travaux engagés par nos sénateurs dans ce sens. Cette réunification si souvent invoquée par beaucoup, nous aurons (je le souhaite) à en débattre et en décider tous ensemble.