La tenaille identitaire, serrée d’une main par le communautarisme religieux et d’une autre par le nationalisme de la pureté blanche, éreinte la République.
Le débat politique actuel autant que l’actualité en sont l’alerte.
D’un côté, l’identité communautaire s’invite désormais partout au point que l’interdiction des signes religieux à l’école semble devoir être la dernière poche de respiration citoyenne.
De l’autre, l’identité nationale s’exprime avec fierté sur nos écrans, dans nos hémicycles. L’abject roman fictionnel d’une France blanche, chrétienne, pure et uniforme tente de supplanter la réalité historique de ce qui fait la grandeur de notre pays. Face à cette torture de la pensée française, les démocrates de tous poils acceptent l’étau des obscurantismes et croient nous protéger dans la ouate trop légère de leur bienveillance. Elle leur tient lieu d’esprit républicain. La gauche la première. Pourtant la République ce n’est pas cela !
Dans notre époque mondialisée et individualiste, c’est vers l’identitaire que se réfugie le collectif et, en l’état, la radicalité. Face à cette quête tronquée de repères et de sens, face à cette dérive inquiétante autant que dangereuse au point de devenir meurtrière ce n’est pas plus que d’indigénisme ou de psalmodier ses bonnes intentions dont la gauche doit se satisfaire.
La République est la seule réponse. Elle est exigeante.
En république point de bienveillance mais de la justice réelle et visible.
En république point de tolérance mais des droits et des devoirs.
En république, point de charité ou de privilégiés mais la solidarité et la redistribution.
En république, point d’égalitarisme mais l’égalité.
En république, point d’opposition entre peuple et police mais l’ordre républicain.
En république point de démocratie directe mais des corps intermédiaires et des représentants élus.
En république point de vivre ensemble mais la laïcité.
Notre identité, notre collectif, doit s’appeler la République !
L’identité républicaine porte en elle l’antidote au poison identitaire.
Face aux provocations et revendications religieuses la République doit être intransigeante. Elle doit imposer l’égalité et l’ordre républicain. Dans nos piscines, la tenue est la même pour tous, dans nos hôpitaux le médecin est le même pour tous, dans nos élections et notre vie démocratique, le communautarisme religieux ne peut et ne doit pas trouver de candidats, dans notre pays aucune femme ne peut être le prolongement religieux de l’homme. La famille non plus. De l’islam radical aux nouveaux inquisiteurs de sens commun ou de la manif pour tous, la règle doit être la même.
Dans notre République, la laïcité doit être respectée pour ce qu’elle est. La suprématie de la citoyenneté sur les convictions religieuses. Cette liberté absolue de conscience qui fonde la protection, et non la promotion ou la détestation, des religions ou de ceux qui n’en ont pas. La laïcité est aujourd’hui usurpée et dévoyée par ceux qui font de la religion le centre du débat politique. Qu’ils soient les tenants d’un racisme de l’islam qui doit être pénalement condamné ou les idolâtres d’un inconséquent et dangereux « touche pas à mon voile », tous concourent à enfermer la République dans un débat qui n’est pas le sien et qui la tue. En cela, ils ne font qu’élargir la brèche malheureusement ouverte par un Président de la République prononçant son seul discours sur la laïcité devant les évêques de France.
Au nom de la République, la gauche pourra refaire surface et faire face.
Pas plus que Xavier BERTRAND ne cache Eric CIOTTI, Nadine MORANO ou Christine BOUTIN, pas plus que Jean-Michel BLANQUER ne cache Aurélien TACHE ou l’incurie idéologique de LREM, pas plus que Jean-Luc MELENCHON ne cache Danielle OBONO, aucune famille politique respectable n’apporte aujourd’hui de réponse claire. Dans ce chaos, les indigénistes, les communautaristes comme les racistes sonnent l’hallali de la République dans le soupir des pleureuses d’une partie de la gauche.
Au nom de la République, la gauche doit passer à l’offensive. Instauration d’un âge de majorité pour la pratique religieuse, obligation de prêches en français pour toutes les religions, non marchandisation du fait religieux, engagement laïque des accompagnateurs scolaires sont autant de pistes qu’il nous faut explorer et débattre. Oserons-nous ? C’est impératif !
Dans ces temps d’une incommensurable férocité, la France a besoin d’une promesse crédible d’apaisement et de fierté collective. Un gage d’intransigeance face à ceux qui la meurtrissent. Un sentiment d’appartenance autant qu’une cause universaliste pour sa jeunesse.
La gauche doit rallumer les étoiles de la République laïque et sociale pour guider ses enfants aujourd’hui abandonnés et désorientés.
Pour tout cela j’adjure la gauche d’incarner l’identité républicaine.